Tele-Tandem


  Sommaire

 
 
1. Politique linguistique

Lorsqu’en juillet 2003 l’OFAJ commémorera sa quarantième année d’existence, il pourra à cette occasion faire un bilan positif de son travail de promotion des échanges de jeunes entre les deux pays. Il aura, d’une part, rempli la mission qu’on lui avait confiée, à savoir de renforcer les relations entre les jeunes des deux pays et, d’autre part, contribué à l’apprentissage de la langue du partenaire, en particulier dans le secteur extra-scolaire. Par delà le nombre impressionnant de jeunes ayant participé à un échange franco-allemand, plus de 5 millions depuis sa création, il aura apporté des contributions déterminantes dans l’enseignement des langues en proposant des méthodes innovantes et en développant des formes inhabituelles d’apprentissage linguistique. Ainsi, par exemple, « les ateliers linguistiques » mis en place dans les programmes d’échange de l’OFAJ au début des années 70 constituent les premiers pas de ce que l’on a ensuite appelé la « méthode Tandem » ou « l’animation linguistique » dans les rencontres franco-allemandes de jeunes. Ces deux approches ont donné lieu récemment à différentes publications de l’OFAJ. Pour autant, force est de constater la diminution du nombre de jeunes Français et de jeunes Allemands voulant apprendre « la langue du voisin ». Ceci est en contradiction avec l’objectif déclaré du Traité de coopération franco-allemande, qui est à l’origine de la création de l’OFAJ. Face à cette situation alarmante, l’OFAJ a décidé de mettre les expériences de l’apprentissage des langues qu’il a faites dans le contexte extra-scolaire au service du secteur scolaire, et en particulier du primaire. Cette situation plus que préoccupante pourrait sans doute évoluer dans les années à venir, grâce à un enseignement réellement adapté à l’âge des enfants et qui intègre de manière systématique les ressources de l’échange, tout en s’appuyant sur des approches didactiques innovantes.

Le projet Tele-Tandem s’inscrit dans cette perspective ainsi que dans un contexte de politique linguistique plus large, défini par les objectifs de l’Office franco-allemand pour la Jeunesse. Ces objectifs sont caractérisés par un engagement en faveur du plurilinguisme au sein de l’Union Européenne et donc également en faveur du renforcement et du respect des langues dites minoritaires.

On ne peut actuellement qu’accepter le fait qu’une variante véhiculaire de l’anglais se propage au niveau international. Ainsi en France, l’anglais domine malgré les efforts intensifs du gouvernement Jospin pour établir la pluralité des langues à l’école primaire. De même, on peut constater en Allemagne, à l’exemple de la Rhénanie du Nord-Westphalie, qu’un gouvernement régional a pris la décision d’introduire l’anglais comme unique langue étrangère à partir de la 3ème et 4ème classe du primaire (ce qui correspond au CE2 et CM1), c’est à dire pour des enfants de 8 à 10 ans. Si d’autres langues étrangères, aussi bien à l’école que dans divers domaines de la société, doivent avoir une place, ce ne pourra être qu’à côté de « l’anglais comme langue internationale » et non pas en tant que vain concurrent de celle-ci. Il faut accepter l’idée que l’une des missions de l’éducation réside dans l’acquisition d’une compétence interculturelle, dans la diversité des perspectives et dans l’acceptation de l’Autre. On ne pourra pas atteindre ces compétences à travers l’acquisition d’un anglais international comme moyen de compréhension approximatif ; ce ne sera possible que dans la rencontre avec des locuteurs d’une langue « culturellement marquée » - ce qui inclut naturellement des variétés culturelles et régionales de l’anglais. Il devrait aller de soi que l’acquisition de ces compétences s’inscrit dans la plus grande diversité et le plus tôt possible dans la biographie de chaque citoyen européen. C’est pour cette raison que l’OFAJ s’efforce depuis longtemps, et avec quelque succès, de faciliter la mise en place d’échanges avec des enfants en âge d’aller à l’école primaire.

La mission politique de l’OFAJ, de rendre possible et de subventionner l’échange et la rencontre de jeunes des deux pays, amène ses responsables à tout mettre en œuvre pour favoriser l’apprentissage de l’allemand en France et du français en Allemagne. Dans ce contexte, le projet « Tele-Tandem » se veut être une contribution innovante.

 
 

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